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Le Blog de Mauricio Espinosa-Barry
11 novembre 2008

Congrès PS et petit rappel historique pour prendre de la hauteur

1121_1549Le vote des militants socialistes du 6 novembre dernier, pour départager les six motions (textes d'orientation) en lice pour le congrès de Reims, a placé la motion proposée par Gérard Collomb/Ségolène Royal en tête avec 29%.

Les motions A et D soutenues respectivement par Bertrand Delanoë et Martine Aubry rassemblent toutes deux autour de 25 %. La motion C soutenue par Benoît Hamon a recueilli autour de 19 %.

Nous pouvons tirer trois constats de ce résultat :
- aucune motion n'a la majorité pour imposer de fait sa ligne d'orientation, même si la motion Royal est devant
- les militants souhaitent un renouvellement, et ont sanctionné la motion qu'ils considéraient comme sortante, à savoir celle présentée par Delanoë/Hollande
- les militants donnent un signe fort d'ancrage à gauche du Parti Socialiste. Les motions proposées par Hamon et Aubry (44 %) ont fait campagne pour une ligne d'orientation affirmée à gauche. Le texte présenté par Martine Aubry a placé la question sociale au coeur avec l'idée d'un nouveau modèle de développement à construire.

Ségolène Royal a donc la responsabilité de trouver une majorité. Une majorité qui tienne compte du sens du vote donné par les adhérents du Parti Socialiste, et non une majorité avec des rapprochements de circonstance dans le seul but de de gagner l'appareil en vue de l'élection présidentielle de 2012. Cette responsabilité demande de prendre de la hauteur, de laisser de côté les ambitions individuelles pour s'attacher à la tâche collective de construire une alternative à gauche.

Ségolène Royal a remis aux représentants des autres motions un document de travail, qui se veut "ouvert". Le texte se propose de « structurer la réflexion et les échanges » afin de  servir de base aux discussions préparatoires à la constitution d’une  majorité au congrès de Reims.

Cependant, il semble que nous ne prenions pas le chemin d'une recherche de consensus, avec la volonté affiché par Ségolène Royal de présenter sa candidature. Une candidature qui n'a pas convaincu une majorité des militants, sinon ils auraient donné davantage de suffrages à sa motion. Ségolène Royal sait que sa candidature est un obstacle au rassemblement, et ne fait pas l'unanimité au sein de sa propre motion. Il y a notamment le patron des socialistes des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, qui déclarait encore samedi qu'il ne souhaitait pas à la tête du PS «une candidate ou un candidat présidentiable, parce que immédiatement, dès l'élection du premier secrétaire, évidemment, le débat serait fixé sur la prochaine échéance. Il y aurait un dysfonctionnement de notre parti».

Si la candidature Royal était confirmée, il est certain qu'elle ne faciliterait pas l'issue favorable à un rassemblement et à la construction d'une orientation claire, pourtant urgente au Parti Socialiste. Sa motion n'a acquis que 29 %  avec pourtant tout le poids des "barons locaux", qui eux mêmes lui ont fortement conseillé de mettre sa candidature au frigidaire.

Une prise de recul s'impose. Les résultats obtenus à l'issue du vote du 6 novembre ne donnent la majorité à aucune des motions. La recherche d'une majorité, même s'il est légitime qu'elle est d'abord de la responsabilité de celle arrivée en tête, ne peut pas uniquement passer par cette équation. La motion Aubry, qui a réussi à rassembler en son sein des sensibilités différentes du Parti Socialiste et avec 25 % des suffrages peut être la motion du rassemblement pour un Parti Socialiste engagé à gauche.

epinayUn regard sur l'histoire des congrès du Parti Socialiste, et en particulier sur le Congrès "fondateur"  de Epinay, est intéressant pour cette prise de recul.

Les motions de Mauroy, Defferre, Mitterrand et Chevènement (49.10%) ont formé une majorité face à celles de Savary, Poperen et Mollet (46.60%).

Résultats des motions :

Les motions de Mauroy, Defferre, Mitterrand et Chevènement (49.10%) ont formé une majorité face à celles de Savary, Poperen et Mollet (46.60%).

Etonnant non ? Entre la motion arrivée en tête et celle arrivée en seconde position il y avait 4 points, comme aujourd’hui.  Il y avait un plus grand écart entre la 2 et la 3. Il y a eu alliance contre la motion arrivée en tête. Le premier secrétaire est issu de la motion arrivée en 3ème position. Il y a eu alliance entre des courants de la droite du parti et de la gauche du parti. Le premier secrétaire était à la tête d’une motion ayant obtenu 15%.

Je ne pense pas que l’Histoire puisse se répéter à l’identique. Mais, ce fait historique peut nous interpeler.

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Commentaires
O
Cher Mauricio, la comparaison avec le congrès d'Epinay m'inspire 3 questions :<br /> <br /> 1°) Les hommes et les femmes qui pratiquent le "Tout Sauf Ségolène" ont-ils les capacités de F.MITTERRAND ?<br /> <br /> 2°) Si tu devais retenir une chose de notre ancien (et commun...) engagement "Rocardien", ne serait-ce pas justement le rejet des magouilles d'appareil contre l'ouverture aux nouvelles pratiques démocratiques ?<br /> <br /> 3°) La candidature de Ségolène ROYAL est-elle moins légitime que celle de ses concurrents ?
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