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Le Blog de Mauricio Espinosa-Barry
24 août 2007

Les effets de la politique de reconduite à la frontière

Interpellation_clandestinLe ministre de l'immigration a donné, mardi 21 août dernier, des instructions aux services de police pour "redoubler d'efforts pour interpeler les personnes en situation irrégulière". Un premier pointage laisserait apparaître que l'objectif de 25 000 expulsions ne serait pas atteint pour 2007.

Cette politique quantitative de reconduite à la frontière des sans papiers n'a pas que des effets sur les clandestins.

Le site de médias indépendant Indymédia Lille révèle des pressions faites à l'ambassadeur de Guinée Conakry : « si les Guinéens ne changent pas d’attitude, il n’y aura plus de visas, officiels ou non et même si les grévistes meurent, il n’y aura aucune régularisation massive, ni visa ». L'information obtenue au travers une lettre de l'ambassade de Guinée Conakry à Paris au ministre des affaires étrangères Guinéen, si elle est vrai, indique un dérapage manifeste.

L'absence de concertation et l'empressement à reconduire à la frontière, provoque des tensions avec les pays d'origine, y compris sur le plan diplomatique, et place les fonctionnaires de police chargés de procéder à l'accompagnement des personnes dans leur pays dans des situations délicates.

2308_conakryAinsi, dans l'affaire des sans-papiers interpellés début août à Lille alors qu'ils poursuivaient une grève de la faim pour obtenir leur régularisation, six policiers qui raccompagnaient deux d'entre eux en Guinée ont été pris à partie par la population à leur arrivée à Conakry le 16 août dernier (JDD.fr). Avant le décollage, d'après le procès-verbal des policiers, plusieurs passagers les ont accusé d'être "inhumains", prenant "fait et cause" pour les expulsés et préparant un "comité d'accueil hostile" en Guinée par téléphone portable. A leur arrivée, les fonctionnaires de la Police de l'air et des frontières (PAF) affirment avoir été reçus à Conakry "par un comité d'accueil" musclé. Les six membres de la PAF souffrent de contusions et de douleurs costales ou dorsales et ont été "insultés" ou "pris à partie" par plusieurs personnes à Conakry avant de regagner la France sans encombre.

L'incident de Conakry est déplorable et condamnable mais il est le révélateur d'une politique quantitative qui vise à satisfaire une partie de l'électorat, plutôt que de lutter contre les filières de travail illégal ou oeuvrer au développement des pays d'origine. Faute d'une politique plus raisonnée, il est à craindre que ce type de réaction risque de se multiplier, tant la colère est forte à l'égard d'une politique d'immigration, qui fait de l'immigré un bouc-émissaire.

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