L'évaluation de l'action des ministres

Le porte-parole du gouvernement, Laurent Wauquiez, a annoncé ce jeudi 3 janvier à l'issue du Conseil des ministres, que ces derniers seront désormais évalués sur des «indicateurs de résultat» afin de «rendre des comptes» concernant leur action «avec un outil d’évaluation qui permet, ministère par ministère, d’avoir une grille.»

Ainsi, chacun des quinze ministres et le Haut commissaire aux Solidarités, Martin Hirsch, est désormais évalué selon trente critères qui lui sont propres, élaborés par des consultants privés. Dans son édition de vendredi 4 janvier, Le Monde révèle quelques exemples de critères: Brice Hortefeux, le ministre de l’Immigration et de l’identité nationale, sera jugé «au nombre d’étrangers en situation irrégulière expulsés et du nombre d’étrangers admis au titre de l’immigration de travail». Son collègue à l’Education nationale, Xavier Darcos, sur «le nombre d’heures supplémentaires réalisées par les enseignants et l’ancienneté des enseignants en ZEP».

La majorité des français ne pourrait que souscrire à l'idée d'évaluation des engagements pris. Cependant, il est utile de rappeller que dans une démocratie, le premier baromètre de l'action d'un gouvernement ce sont les élections. De plus, cette quête du résultat chiffré, avec des critères parfois très contestables, aboutit à l'absurdité d'évaluer l'action du ministre de l'immigration et l'identité nationale sur le nombre d'étrangers en situation irrégulière expulsés. Benoit Hamon, député européen PS, n'a pas mâché ses mots ce matin sur LCI estimant avec raison que "c'est surtout pitoyable quand on sait que M. Hortefeux va être jugé sur le nombre de personnes qu'il aura raccompagnées à la frontière, avec l'arbitraire que ça signifie (...). Je trouve ça objectivement pathétique".

Par ailleurs, il est étonnant que le premier et véritable responsable de l'action du gouvernement, à savoir le président de la République ne soit pas concerné. Le site Observatoire Politique, créé à l'occasion de la présidentielle 2007 par des étudiants passionnés par la vie politique, a pris le parti de suivre les promesses, au nombre de 571, exprimés par Nicolas Sarkozy pendant sa campagne. La synthèse permanente indique que le chef de l'Etat n'a atteint que 5% de ses promesses/objectifs après huit mois. Que doit-on conclure ?

Le billet d'un consultant en management, Paul Ohana, interviewé ce matin sur France-Info est intéressant à lire. Il explique ce matin sur son blog que l’évaluation des ministre ne fonctionnera que sous conditions. Notamment en tenant compte des performances collectives du gouvernement et pas seulement des performances individuelles. Il ajoute également que si c’est un coup, ça ne marchera pas et que pour être efficace l’évaluation d’un ministre doit pouvoir bénéficier de points de comparaison et se faire dans la continuité.

Comments

[FERNANDEZ]

Bien ! Mauricio, pour cet article, je te met un 8 sur 10. L'ensemble est cohérent et documenté, mais il faut cependant faire un effort pour séduire le lectorat de droite.
Doit poursuivre ses investigations pour atteindre ses objectifs.
Olivier