Fichier Edvige ou la vie des autres
Le ministère de l’intérieur est autorisé, par un décret publié au Journal officiel du 1er juillet 2008, à mettre en place une nouvelle base de données intitulée "Edvige" afin de collecter toute une série d’informations notamment sur certaines personnes publiques (politiques, syndicales, religieuses) ou encore sur certains individus (ou groupes) "susceptibles de porter atteinte à l’ordre public". Les associations de droits de l'homme et autres syndicats (GISTI, FCPE, Syndicat magistrature, ATTAC, FSU) dénoncent une mesure prise sans débat public préalable et qui accroît considérablement les capacités de fichage de nos concitoyens. Un appel pour obtenir l'abandon du fichier Edvige est lancée. Cet appel alerte sur un fichier qui recensera, de manière systématique et généralisée, toute personne « ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui joue un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif ».
Le président de la Commission nationale informatique et libertés (CNIL) dans un entretien à France Ouest indique sa réserve sur le nouveau fichier Edvige. Le point qui inquiète particulièrement la CNIL, comme les associations des droits, c'est la possibilité de fichage à partir de l'âge de 13 ans. Alex Türk s'inquiète par ailleurs des développement technologiques. Il indique que "la CNIL croule sous les demandes de contrôle par biométrie, par vidéosurveillance". Il ajoute : "La géolocalisation des personnes se développe de façon faramineuse. Je ne dis pas cela pour affoler, mais je crains que l'on ne se réveille un jour dans une société différente".
La Fondation Copernic a publié une note dans laquelle elle n'hésite pas à faire un parallèle avec l'histoire relatée dans le film La vie des autres, sur le fichage par la Stasi en Allemagne de l'Est, "puisqu’il s’agit bien de centraliser dans un fichier policier les opinions politiques ou syndicales de tout un chacun, pour peu qu’il soit secrétaire de section syndicale, conseiller municipal, ou membre d’un comité d’entreprise".
Cinq syndicats et la Ligue des droits de l'homme ont indiqué le 10 juillet dernier qu'ils déposeraient un recours en septembre devant le Conseil d'Etat pour obtenir l'annulation du décret gouvernemental. La mobilisation reste donc de mise.